Haut-Armagnac, Bas-Armagnac, Ténarèze, quelles sont les différences ?
La région Armagnac
La région Armagnac, que l’on aime à imaginer comme dessinant une feuille de vigne, connaît un climat tempéré favorable à l’élaboration d’une eau-de-vie souple à la saveur fruitée, florale et expressive. L’humidité océanique, la douceur méditerranéenne portée par les vents d’Est et les influences continentales entraînent des hivers doux et humides et des étés chauds, souvent orageux, dont l’alternance thermique entre le jour et la nuit profite au potentiel aromatique du raisin. Ce territoire, baigné de lumière et irrigué de nombreux cours d’eau, est propice au développement de la vigne qui fait la renommée du pays depuis l’occupation gallo-romaine.
Une région, trois terroirs, trois appellations
La diversité des sols de la région est à l’origine d’une subdivision en trois terroirs à l’identité distincte, trois sous-régions de production instituées par le décret Fallières en 1909. La spécificité géologique, hydrologique et climatologique de ces terroirs nuance le caractère des Armagnacs, influant sur leur typicité. Ces trois terroirs ont donné lieu à trois appellations. Haut. Bas. Ténarèze. Nous y voilà !
Le Bas-Armagnac
Situé à l’Ouest de la région, le Bas-Armagnac tient son nom de sa faible altitude (entre 60 et 120 m d’élévation). On le dit « Armagnac Noir » car son paysage de collines est recouvert de forêts de petits chênes. Protégé de l’influence océanique par la forêt des Landes, il connaît un climat doux et tempéré. La mer y a laissé des sols légers appelés « sables fauves » composés d’argile (boulbène), de silice et d’éléments ferrugineux qui donnent une eau-de-vie onctueuse et fruitée aux notes de vanille.
C’est à ses sables fauves que le Bas-Armagnac doit sa réputation. Au tournant du 19ème siècle, lorsque le vignoble français est dévasté par le puceron phylloxéra, les vignes de la région survivent. Sa terre sablonneuse absorbe naturellement l’eau de pluie que la vigne trouve en abondance l’été. Cette humidité, crainte par le phylloxéra, freine la progression du puceron et préserve les ceps. Partout ailleurs le vignoble armagnacais a dû être arraché.
Le Bas-Armagnac est la région la plus plantée, ce qui en fait la principale région de production de l’Armagnac. La culture du raisin y est prédominante, dédiée également aux vins de Gascogne IGP et au Floc de Gascogne. Le Bas-Armagnac représente 67% des surfaces identifiées de la production de l’eau-de-vie gasconne.
La Ténarèze
Au centre de la région Armagnac se trouve la Ténarèze, une contrée vallonnée qui doit son nom au chemin de crête qui la traverse. Empruntée dès la préhistoire, cette route de transhumance, baptisée « chemin de César » par les Romains, permettait de circuler entre Bordeaux et les Pyrénées sans franchir ni gué ni pont.
Moins protégée, la région est balayée par le vent du Sud-Est. Le climat y est plus méditerranéen. Son sol, limoneux et sablo-argileux (boulbène) dans le fond des vallées et argilo-calcaire (terrefort) sur les coteaux, est fertile. Il donne une eau-de-vie riche et fougueuse au bouquet d’épices et de violette qui atteint sa maturité après un vieillissement prolongé. Celle-ci est souvent utilisée dans les assemblages pour apporter une saveur corsée.
Le vignoble de la Ténarèze représente 32% des surfaces identifiées de la production d’Armagnac.
Le Haut-Armagnac
A l’Est, le Haut-Armagnac surplombe le reste de la Gascogne. Légèrement en altitude (entre 150 et 200 m d’élévation), il porte le nom d’« Armagnac Blanc » car son paysage de collines où affleurent les roches calcaires réfléchit la lumière. Le vent d’autan imprègne ses coteaux d’un climat méditerranéen plus chaud et sec. Le sol acide, composé d’argile et de calcaires « peyrusquets », donne une eau-de-vie légère à la saveur florale vive.
Dans ce vaste territoire, le plus étendu des trois, les vignes demeurent confidentielles. A la fin du 19ème, le vignoble n’a pas survécu aux assauts du phylloxéra. Les pieds de vigne, implantés dans une terre pauvre en réserve d’eau, n’ont pu être suffisamment noyés pour les préserver du puceron. Il a fallu tout arracher. Puis les céréales sont venues remplacer la vigne.
Aujourd’hui, le vignoble est peu à peu replanté. Patrick de Montal, propriétaire récoltant du domaine d’Arton, est le premier à réintroduire les vignes sur le plateau de Lectoure en 1991, restaurant ainsi le fil de l’histoire. Le Haut-Armagnac compte aujourd’hui une dizaine de maisons d’Armagnac (contre 200 dans le Bas-Armagnac) et produit 5% de l’Armagnac mis sur le marché. La rareté et l’originalité de cet Armagnac en font une eau-de-vie très prisée des connaisseurs et la dénomination « Haut-Armagnac » une appellation atypique.
Le vignoble du Haut-Armagnac représente 1% des surfaces identifiées de la production d’Armagnac. La polyculture propre à cette partie de la région préserve la biodiversité et protège naturellement les vignobles d’une contagion des maladies de la vigne, offrant un terroir propice à la viticulture en biodynamie.
Le Plateau de Lectoure et le domaine d’Arton
Situé sur le plateau calcaire de Lectoure (200 m d’altitude), dans la partie septentrionale du Haut-Armagnac, le domaine d’Arton jouit d’un terroir unique.
Sa terre argilo-siliceuse humifère où affleurent les calcaires lacustres, frais et filtrants, dits « peyrusquets », est une terre sèche et exigeante, un sol caillouteux dur à travailler. Riche en matière organique, cette terre sans sédiments, qui n’a jamais été recouverte par la mer, est pourtant très fertile, loin des idées reçues sur le Haut-Armagnac. Elle est parcourue de sources souterraines vers lesquelles plongent les racines de nos vignes. Ce déploiement fougueux des racines se reflète dans la vivacité de nos vignes, un effet miroir à l’origine de la grâce de nos Armagnacs.
A la découverte de cette terre atypique, Patrick de Montal fait le pari d’en révéler les vertus pour redonner sa chance à l’appellation méconnue du Haut-Armagnac. Notre terre, une terre de caractère, une terre d’effort aussi, est le gage d’une signature unique. Elle offre un développement aromatique subtil et donne un Armagnac aérien, empreint de lumière et de fraîcheur, un Armagnac d’altitude ouvert vers le ciel.
Avec l’acquisition récente de nouvelles parcelles, Arton devient le plus grand domaine producteur d’Armagnac de l’appellation. Notre savoir-faire traditionnel, nos engagements écologiques et notre excellence artisanale de la vigne au vin et à l’Armagnac nous permettent de révéler le potentiel de cette terre délaissée. Il trouve toute son expression dans nos millésimes qui mettent en valeur le caractère vivant du vin et notre terroir.
L’appellation simple Armagnac contrarie les engagements des propriétaires récoltants
L’appellation simple « Armagnac » désigne un assemblage qui associe des Armagnacs provenant de différentes sous-régions de production, une appellation pratiquée par les négociants, artisans-éleveurs de l’Armagnac.
Les propriétaires récoltants, producteurs passionnés, préservent l’Armagnac d’une production industrielle en se faisant le porte-voix de la richesse des signatures de l’Armagnac. Leur authenticité artisanale leur donne la liberté de développer une vaste palette aromatique représentative des nuances du terroir. Leurs Armagnacs cousus main trouvent toute leur puissance dans la pratique du millésime, un prolongement naturel de la culture de la vigne.